Comment réduire et compenser les émissions carbone d’un séminaire en entreprise ?
Compensation des émissions

Comment réduire et compenser les émissions carbone d’un séminaire en entreprise ?

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L’organisation et la tenue de séminaires représentent un poste d’émission non-négligeable pour une entreprise. Entre le transport, le logement, et les activités, l’addition carbone peut vite monter. Il existe cependant plusieurs solutions afin de décarboner efficacement un séminaire professionnel.

Comme déjà évoqué dans un précédent article, l’avion reste de loin le moyen de transport par passager le plus émetteur de CO2. C’est donc sans surprise qu’il constitue le meilleur levier sur : lequel jouer pour réduire l’impact carbone de son séminaire. Voyager en train, lorsque cela est possible malgré les impératifs de temps et de logistique, permet de rejeter en moyenne 80 fois moins d’éqCO2 que le même voyage en avion. Ce chiffre s’appuie sur les données de la Base Carbone de l’ADEME (141g par kilomètre et par voyageur pour l’avion contre 1,73g par kilomètre et par voyageur pour le TGV)1. Depuis l’adoption de la Loi Climat et Résilience en août dernier, l’utilisation du train est même devenue obligatoire pour les vols intérieurs qui peuvent être évités au moyen d’une liaison directe de moins de 2h30 et assurée plusieurs fois par jour par la SNCF. Le transport des participants sur le lieu du séminaire, lorsque celui-ci est effectué en avion, représente LE poste d’émission dominant d’un séminaire d’entreprise. À tel point que l’alternative offerte par le train permet à elle seule de diminuer de 86% les rejets de GES d’un séminaire « moyen »2. Si le trajet en avion est absolument nécessaire, il est alors fortement conseillé à l’entreprise de compenser ses émissions en passant par une plateforme en ligne ou en choisissant une compagnie aérienne qui offre la possibilité de le faire. Myclimate.org ou Greentripper sont deux exemples de solutions en ligne. En ce qui concerne les compagnies aériennes, Air France s’est par exemple engagée à partir du 1er janvier 2020 à garantir la compensation de l’ensemble de ses vols intérieurs, mais seulement pour la métropole. 

Choisir un hôtel éco-responsable 

De plus en plus d’hôtels décident de s’engager pour l’environnement et de proposer à leur clientèle une expérience plus écologique. Tri sélectif, efficacité énergétique, économie d’eau, les établissements peuvent aujourd’hui multiplier les gestes et même devenir labellisés. Écolabel.euLa Clef Verte ou GreenGlobe constituent autant de moyens de d’assurer de la fiabilité et de la sincérité des hôtels en matière d’engagement environnemental et climatique. Choisir un hôtel éco-responsable pour héberger des collaborateurs lors d’un séminaire, c’est donc non seulement réduire directement les gaz à effet de serre liés à l’évènement, mais c’est également promouvoir une démarche écologique. Alimenter et encourager l’économie d’un lieu responsable, c’est lui permettre de se développer et de pérenniser son action. 

Privilégier un menu végétarien, local et bio

L’agriculture représente le deuxième poste d’émission de la France derrière les transports (19% des émissions nationales de GES)3. Une grande partie de l’impact climatique du secteur  provient des rejets de méthane (CH4) qui sont dus à l’élevage. Privilégier un menu végétarien autant que faire se peut pendant la durée du séminaire constitue alors un bon moyen de faire baisser l’impact carbone de ce dernier. Prioriser également les circuits courts en choisissant des produits locaux réduit le temps de transport des aliments et donc les émissions de gaz à effet de serre qui y sont associées. Enfin, choisir de consommer bio réduit les rejets de protoxyde d’azote (N2O) et de dioxyde de carbone (CO2) en évitant la fabrication et l’épandage d’engrais azotés chimiques de synthèse4. L’ensemble de ces démarches se cristallise dans l’apparition de labels comme EcoCookEcoTable ou GreenFoodLabel et de mouvements comme le locavorisme (qui prône la consommation de produits locaux). Opter pour un restaurant labellisé reste ainsi un bon moyen de garantir l’engagement de l’établissement et de réaliser des économies sur le bilan en gaz à effet de serre d’un séminaire. 

Éviter le plastique et les déchets non-recyclables

Depuis la loi AGEC, prononcée en février 2020 et qui vise à mettre fin au plastique à usage unique d’ici à 2040, l’effort demandé aux structures privées en matière d’éco-responsabilité et de recyclage s’est intensifié. L’organisation d’un séminaire d’entreprise se prête donc parfaitement à ce type de geste. Que ce soit au niveau des cadeaux faits aux participants, des paniers repas, des bouteilles d’eau, des couverts et autres ustensiles, il est essentiel de privilégier les matières recyclables ou réutilisables et d’éviter le plus possible l’utilisation du plastique. Ce dernier, de par sa production et son incinération, pourrait en effet être responsable de 56 milliards de tonnes d’équivalent CO2 à l’horizon 20505

Organiser des activités peu émettrices 

Les activités proposées à une équipe de travail lors d’un séminaire peuvent avoir un impact carbone important en fonction des choix qui sont faits. Éviter les activités motorisées, et donc les émissions liées à la fabrication et à l’utilisation du carburant des engins, semble être un bon début. Pas de course de kartings, de jet ski, de tour en hélicoptère ou de virée en motoneige, au risque de faire augmenter son empreinte carbone assez rapidement. Limiter l’utilisation d’appareils électroniques au strict minimum apparaît également comme une action bénéfique (le numérique représente 2,5% des émissions françaises)6, et un moyen efficace de favoriser la communication entre les participants afin de consolider leur esprit d’équipe. Prioriser les activités en pleine nature comme les randonnées permettra d’insuffler à l’activité un esprit pédagogique. Allier la sensibilisation au climat et le divertissement à travers des animations ludiques donnera alors à coup sûr une valeur ajoutée au séminaire. 

Calculer et compenser les émissions d’un séminaire d’entreprise

Il existe aujourd’hui plusieurs plateformes en ligne qui permettent aux entreprises de calculer, poste par poste, les émissions de gaz à effet de serre de leur séminaire. Cette démarche présente un intérêt double. Premièrement elle amène à se rendre compte de l’impact qu’un événement peut avoir sur la planète. Deuxièmement, elle peut dans certains cas lorsque l’outil l’autorise financer la compensation carbone de cet événement. C’est ce que propose notamment le calculateur de la fondation Green Planet. Après avoir créé un compte, on accède à un portail qui donne la possibilité de détailler les rejets de CO2, secteur par secteur : énergie consommée pendant la durée de l’événement, déplacements de l’équipe ( terrestres, aériens, transports en commun), restauration, hébergement (qui inclut les déplacements entre le lieu des activités et le site d’hébergement), matériaux utilisés et services associés, et logistique. Le calculateur de Good Planet est donc très complet, en plus d’être souvent mis à jour pour gagner en précision. Après avoir rentré toutes les valeurs et avoir calculé l’impact carbone total du séminaire, le site de la fondation donne l’option d’allouer directement une somme d’argent proportionnée à un projet de compensation carbone volontaire. Des sites comme Cleo proposent également un service de calcul d’impact d’événement qui inclut un bilan environnemental. D’autres plateformes comme Tcheen et Prochaine Escale offrent quant à elles la possibilité de trouver des lieux et d’organiser des séminaires éco-responsables et bas carbone.

Il est essentiel de rappeler que la compensation représente une manœuvre complémentaire, qui doit s’articuler en synergie avec une démarche de réduction. D’abord réduire au maximum ses émissions, puis compenser ensuite celles qui n’auront pu être évitées, ce afin de garantir une vraie cohérence dans son engagement et participer à l’objectif de neutralité carbone que s’est fixé le gouvernement français pour 2050. 

Sources : 

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