En 28 ans, les émissions carbone du secteur Tertiaire n’ont pas baissé de plus de 1%, passant de 36,99 à 36,46 Mt de CO2 émises. C’est presque ¼ des émissions GES du secteur productif français. Pourtant quelques gestes simples peuvent permettre de réduire directement ou par ricochet l’empreinte carbone d’une entreprise. Avec 46% des actifs français travaillant dans le secteur tertiaire, l’impact sera fort si la vie de bureau devient plus verte en adoptant des réflexes et des pratiques durables.

Le trajet domicile-bureau est le premier facteur d’émission de gaz à effet de serre du secteur, avec 12 millions de tonnes d’éq CO2 émises par an. Près de 3/4 des salariés de bureau (73%) se déplacent en voiture, le plus souvent seuls. Afin de réduire ces émissions du scope 3 liées au transport, certains réflexes de mobilité doivent être abandonnés au profit d’autres modes de déplacement plus décarbonés. Ne pas prendre l’avion quand le voyage peut être fait en voiture ou en train, ne pas prendre la voiture quand il existe des solutions de transports en commun, de covoiturage ou d’autopartage, ne pas prendre les transports en commun quand les déplacements sont faisables à vélo (Vélo à Assistance Électrique ou non) ou à pied et privilégier le télétravail autant que possible, constituent autant d’alternatives pour limiter le bilan carbone de ces trajets entre le lieu de travail et le lieu d’habitation. 

Le télétravail

Selon l’ADEME, chaque jour télétravaillé par semaine en France permet d’éviter 271 kg équivalent CO2 par an. Soit les émissions d’un véhicule classe B qui parcourt plus de 2 400 km. Attention cependant à l’effet rebond à long terme du télétravail, dû à un accroissement de l’utilisation des équipements numériques. L’effet rebond consiste à dire que l’augmentation de l’efficacité (énergétique, écologique, au niveau du coût financier) d’un bien ou d’un service augmente la consommation de ce bien ou service ou celle d’un autre. Ici le bénéfice environnemental qui correspond à la limitation des déplacements peut se transformer en une augmentation de la consommation des équipements numériques. Attention également à l’allongement du trajet domicile-travail (relocalisation du lieu de vie et plus de voyages longs). Des solutions existent pour favoriser ces changements, comme l’indemnité kilométrique vélo ou le bonus écologique. 

Émissions en équivalent CO2 pour 10km : 

Décarboner les temps de pause : les bons réflexes 

Autour de la pause-café ou de la pause-déjeuner, de nombreux gestes éco peuvent s’appliquer. L’impact de ces petits moments conviviaux sur l’environnement n’est pas à négliger. Lorsque ces pauses s’imposent, comment faire pour qu’elles aient l’effet le moins nocif possible sur l’atmosphère ? Si l’entreprise fonctionne avec des gobelets en plastique, mieux vaut emmener sa propre tasse ou son propre verre. Dans la même logique, il est préférable d’utiliser des carafes d’eau plutôt que des bouteilles en plastique et de faire appel au compostage pour dissocier les déchets organiques des déchets emballages et ainsi décharger les poubelles. Le service achat peut lui investir dans de grands conditionnements pour éviter le suremballage (café, sucre, biscuits, etc.). Au niveau des repas, il est recommandé de choisir une entreprise qui source ses produits, avec du Bio et/ou du local si possible. Diminuer le nombre de repas avec de la viande évite de participer à sa surconsommation et donc à l’élevage intensif, réduisant les émissions de méthane (GES). Favoriser les produits de saison augmente leurs chances d’être locaux, et encourage le développement de circuits courts. Enfin, au self, attention à ne pas surcharger les assiettes pour éviter le gaspillage alimentaire.

Le gaspillage alimentaire se calcule 

En moyenne, chaque déjeuner à la cantine génère 150 à 200 g de déchets alimentaires. Pour des établissements servant 500 personnes, ce sont 15 à 20 tonnes annuelles jetées. Entre production, transport, cuisine jusqu’à l’assiette, ce sont plusieurs tonnes de CO2 laissées à la poubelle par les entreprises. Par exemple, un yaourt aux fruits peut avoir parcouru 9 000 km (entre transport des matières premières et acheminement). 

Les bonnes pratiques pour des économies d’énergie

En 2015, le secteur tertiaire représentait environ 15 % de la consommation énergétique finale française. Au quotidien, de bonnes actions au bureau permettraient de réduire sa facture d’énergie. En éteignant la lumière dès qu’une pièce se vide ou lorsque le soleil brille. En fermant les portes, pour éviter les déperditions de chaleur. En réduisant le chauffage d’un degré pour économiser en électricité et en impact. En éteignant les radiateurs d’une pièce avant de l’aérer et les dégager de ce qui peut empêcher une bonne diffusion de la chaleur. En diminuant la puissance de la climatisation. En utilisant des ventilateurs au lieu de la climatisation, une solution moins énergivore. En éteignant son ordinateur et l’imprimante le soir et pendant la pause du midi, ce qui consomme moins d’électricité que les laisser en veille (réduction de 20 à 30% du bilan énergétique). En privilégiant les ordinateurs portables aux fixes. Ils peuvent consommer 50 à 80% moins d’énergie. Enfin en choisissant un fournisseur d’électricité verte pour son entreprise. 

200 jours par an au bureau 

Si tant est que des dispositifs domotiques supplémentaires soient appliqués (détecteurs de mouvement, éclairage intelligent etc.) c’est jusqu’à 70% de dépenses énergétiques qui peuvent être économisées sur l’éclairage. 

1°C de moins, un geste en plus 

La température idéale au bureau serait comprise entre 19 et 21°C. Sachant que 50% des dépenses énergétiques au bureau sont dues au chauffage, il suffirait de le baisser de 1°C pour économiser 5 à 10 % d’énergie.  

Les principes du numérique responsable 

En 2018, le secteur du numérique représentait près de 3,7% des émissions de GES mondiales. Du plus petit appareil au plus grand, de la montre connectée aux data centers, les données se déplacent de part et d’autre du globe. Ces données pourtant invisibles et impalpables ont un véritable impact sur l’atmosphère. Plusieurs bonnes pratiques vraiment utiles, recommandées par les experts1 du numérique responsable, peuvent être adoptées pour limiter au maximum l’impact du numérique sur le climat. 

En réparant ses appareils numériques au lieu de les jeter, en préférant l’occasion au neuf, on réduit les quantités achetées : moins de consommation, donc moins de production, donc moins d’émissions directes générées par le processus de fabrication, et moins d’émissions indirectes et de déforestation liées à l‘extraction de matériaux rares, utiles à la fabrication d’ordinateurs et de smartphones. Il est également possible de mutualiser les achats d’appareils électroniques. Une imprimante peut par exemple être partagée avec une entreprise voisine. Plusieurs initiatives de partage de ressources peuvent être envisagées en fonction de la taille de votre société. Ces solutions qui font jouer le levier de sobriété permettent, en plus de l’objectif de réduction des achats d’appareils, une diminution des déchets électroniques polluants. 

D’autres comportements, qui paraissent pourtant anecdotiques, ont un réel impact sur notre consommation d’énergie. Éteindre sa box wifi la nuit et le weekend, lorsque personne ne travaille, est un bon réflexe à adopter. Faire attention aux mises à jour intempestives des systèmes d’exploitation en est un autre. Certaines de ces actualisations sont utiles, d’autres ne feront qu’alourdir l’appareil, le rendant plus lent et accélérant son obsolescence. Limiter l’usage du stockage cloud autant que faire se peut réduit les transferts de données. Il est ainsi préférable d’utiliser un stockage sur disque dur interne. Un autre geste qui paraît anodin consiste à utiliser le cloud en wifi plutôt qu’en 4G. En effet, la 4G aurait un impact 20 fois plus important sur l’environnement qu’une connexion ADSL/fibre. 

10 à 12 milliards d’e-mails sont envoyés dans le monde en une seule journée (et 1,4 milliard pour la France). Selon l’ADEME, une entreprise de 100 personnes génère alors 13,6 tonnes de CO2 par an en utilisant seulement des mails. Soit l’équivalent climatique de près de 14 allers-retours Paris – New York en avion. Diminuer l’envoi de ces courriels est donc un geste écologique non-négligeable. Toujours selon l’Agence de la Transition Écologique, les vidéos en ligne représentent 60 % du flux mondial de données et sont responsables de près de 1 % des émissions mondiales de CO2. En préférant des échanges en audio plutôt qu’en vidéo, on diminue la consistance du flux de données et on utilise moins de bande passante. Tous ces gestes numériques responsables impliquent bien évidemment de former ses collaborateurs pour que ces actions deviennent rapidement des réflexes. 

Eviter la surconsommation de matériels de bureau

Au delà de l’aspect numérique, le fait de limiter les ressources matérielles constitue un autre bon moyen de faire baisser son empreinte carbone au bureau. Cela passe par une consommation raisonnable de papier en adoptant de nouvelles règles au bureau (imprimer le strict nécessaire, utiliser le recto et le verso, optimiser les mises en page ou encore réutiliser ce qui peut l’être). L’ADEME a ainsi démontré que chaque salarié consomme annuellement 70 à 85 kg de papier, soit l’équivalent de 3 ramettes par mois ! De plus, seulement 35% de ce papier récupéré sera finalement recyclé. Ce pourcentage représente tout de même 390 000 tonnes de CO2 évitées par an, soit les émissions annuelles de 200 000 voitures. Pensez aussi au troc de livres, de matériel ou d’outil par exemple. S’échanger des objets ou se les prêter pour éviter d’acheter encore, c’est aussi éviter des émissions carbone à une autre échelle. 

Pédagogie et incitation positive

Pour inscrire ces gestes écoresponsables dans les habitudes des collaborateurs, il est crucial de miser sur l’entraide et la pédagogie. Rappeler les écogestes et leurs impacts, mettre en place des formations, disposer des affiches à des endroits stratégiques sont autant de solutions pour inculquer un comportement éco-responsable au bureau. Des défis de cohésion et autres activités apparaissent (SERD / challenge de la mobilité etc.) ainsi peu à peu en entreprise pour mobiliser tout le monde à jouer le jeu de la décarbonation. 

Contribuer à la neutralité carbone mondiale

Toutes les bonnes pratiques évoquées ci-dessus ne suffiront pas à supprimer purement et simplement la totalité de l’empreinte carbone d’une structure privée. Des émissions incompressibles subsisteront nécessairement. Mais ce qui ne peut être réduit peut en revanche être contrebalancé ! Le chemin de la contribution à la neutralité carbone passe ainsi également par le levier de compensation, une solution qui s’inscrit dans une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) sincère et efficace. 

Evaluer, réduire, compenser, retrouvez tout le parcours de la Contribution à la neutralité carbone mondiale en cliquant ici.