Revue de presse #164 du Capitaine
Revue de Presse

Revue de presse #164 du Capitaine

4 min. de lecture

Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.

Decathlon, Shein, Kiabi : les invendus servent à encaisser des millions d’euros d’argent public

Image par Alicja de Pixabay.

Une enquête de Disclose conjointe avec le média Reporterre dévoile un effet pervers de la loi antigaspillage qu’on n’avait pas vu venir. Pour rappel, la loi antigaspillage interdit depuis 2022 la destruction des textiles invendus. Concrètement, cela signifie que les entreprises qui vendent leurs produits textiles en France, sont dans l’obligation de recycler, revendre à des déstockeurs ou d’en faire don à des associations. C’est justement cette dernière option qui cache un vrai scandale révélé par des documents confidentiels auxquels ont eu accès les journalistes de Disclose et Reporterre. Pour les dons aux associations la loi prévoit “une réduction fiscale équivalant à 60 % de la valeur des vêtements”. Selon cette enquête, Shein, Decathlon et Kiabi, de puissantes enseignes du textile, ne se privent pas de bénéficier de cet “effet d’aubaine”, et recevraient plusieurs millions d’euros de réductions d’impôt lorsqu’elles donnent leurs surplus de production, ce qui évidemment ne les pousse pas à stopper la surproduction. Rappelons que l’industrie textile est responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales.

Épisode 5/6 : Obsolescence, ou comment la nouveauté alimente nos désirs de consommer

Photo de Christian Jaya sur Unsplash.

En échos au précédent article sur la fast fashion qui produit toujours plus, sous prétexte qu’il faut répondre à la demande des consommateurs, l’émission la Terre au carré sur France inter a invité la philosophe Jeanne Guien qui démonte totalement cet argument dans son livre Le Désir de nouveautés. Dans le cinquième épisode de sa série “Capitalisme, une histoire de la Terre”, la Terre au carré s’intéresse cette fois à “la nouveauté” comme levier de la surconsommation. Jeanne Guien explique les racines de cette fascination pour tout ce qui est nouveau, avec le colonialisme au XVe siècle, une période pendant laquelle les marchands ouvraient de nouveaux marchés grâce aux produits importés des terres coloniales, perçus en Europe, comme “exotiques”, “jamais vus”. La philosophe évoque aussi l’arrivée des produits jetables comme les mouchoirs en papier, les serviettes hygiéniques, etc. perçus au départ comme un luxe, et aujourd’hui comme plus économiques alors que leur coût à long terme est bien plus important qu’il n’y paraît, puisqu’il faut les racheter encore et encore. Pour elle, le désir de nouveauté n’est pas inné mais construit :Ce n’est pas quelque chose qui serait présent dans notre cerveau ou dans notre cœur”, il est plutôt “prétexté et suscité en nous par les personnes à qui cela profite”. Et souvent la double peine est pour les femmes et les jeunes qui sont les cibles privilégiées du marketing de la nouveauté : “On vous fait acheter, on exploite votre porte-monnaie et en même temps, on vous dit que c’est votre faute”. déplore Jeanne Guien.

Greenhushing versus greenwashing : vaut-il mieux se taire plutôt que d’en faire trop sur l’écologie ?

Photo de Kristina Flour sur Unsplash.

Voilà un nouveau mot à intégrer dans votre vocabulaire : le greenhushing ! Le greenhushing est le fait pour une entreprise (ou autre organisation) de ne plus communiquer sur ses actions en faveur de l’environnement. Une nouvelle tendance induite par la peur d’être taxée de greenwashing. Un rapport du cabinet South Pole sorti en 2024 révèle en effet que 86% des entreprises commercialisant des biens de consommation et 72% des compagnies pétrolières ont limité leurs communications sur les questions environnementales. Encore plus étonnant, même les entreprises proposant des services environnementaux disent moins communiquer sur le sujet, elles sont 88% à adopter cette pratique alors que 93% d’entre elles sont plutôt bonnes élèves et respectent réellement leurs objectifs environnementaux. Autant il y a eu beaucoup de greenwashing qui est évidemment une pratique trompeuse à bannir, autant maintenant d’après le politologue François Gemenne, cette nouvelle vague de l'”éco-silence” n’est pas du tout une bonne nouvelle pour l’écologie : «Je préférais nettement quand les entreprises faisaient du greenwashing.» a-t-il affirmé lors d’un entretien sur la radio France info. En effet, ne plus communiquer du tout sur ses actions environnementales fait sortir l’écologie des discussions et des préoccupations, alors qu’il est essentiel que cette thématique reste visible. La peur d’être accusées de greenwashing de la part des entreprises est en contradiction avec une étude de l’Oxford Academic qui dit que “par défaut, les citoyen·nes sont pessimistes, et que communiquer sur les engagements environnementaux les rend optimistes.” Elle démontre aussi qu’une communication “fiable” sur l’environnement a plutôt tendance à augmenter le soutien des personnes “sceptiques” à “des politiques publiques ambitieuses en matière environnementale ou à soutenir des structures qui les plébiscitent.” Ne plus parler d’écologie n’est donc pas une bonne idée, mais faire l’effort de savoir en parler correctement aurait une réelle valeur ajoutée à la fois pour la cause environnementale et pour l’entreprise qui communique sur le sujet.

Une scientifique française met au point un système d’extraction des terres rares “plus propre et plus durable”

Un morceau de métal argentée sur fond noir dont on extrait l'europium.

Photo de cal gao sur Unsplash.

On termine avec un progrès scientifique qui concerne l’extraction des métaux et terres rares. La chimiste franco-américaine Marie Perrin a découvert un moyen d’extraire l’europium – une terre rare utilisée notamment pour ses propriétés luminescentes pour les écrans LED par exemple – de manière “plus rapide, plus propre et plus durable”. Alors que les nouvelles technologies poussent à une accélération de la course mondiale aux terres dites rares (avec des effets catastrophiques pour l’environnement), Marie Perrin a breveté un nouveau procédé pour séparer “en une seule étape” les molécules, ce qui a pour conséquence de “réduire les déchets chimiques et donc la pollution générée par le recyclage, ainsi que la consommation d’énergie.”

Vous aimerez aussi

Revue de presse #165 du Capitaine

Revue de presse #165 du Capitaine

Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
Vectura System - Entretien avec une startup engagée

Vectura System - Entretien avec une startup engagée

Chaque jour, des entreprises françaises s'impliquent activement dans la transition écologique. Des entrepreneurs engagés et engageants mènent diverses actions en faveur de la protection de la biodiversité, de la réduction de nos émissions de GES tout en promouvant un mode de vie plus durable. En tant que média d'information, notre mission est aussi de vous [...]
Revue de presse #163 du Capitaine

Revue de presse #163 du Capitaine

Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.