Chaque vendredi, Capitaine Carbone sélectionne pour vous l’essentiel de l’actualité française et internationale autour des enjeux de la neutralité carbone et des questions climatiques.
Revue de Presse #163 du Capitaine
Ecoutez la Revue de Presse du Capitaine.Moins d’eau, même rendement : le pari durable du riz chilien
Photo de Prahlad Inala sur Unsplash.
Direction le Chili où la culture du riz est de plus en plus compliquée par le réchauffement climatique et le manque d’eau qui en est l’une des conséquences. Jusqu’alors, inonder les rizières était la seule manière d’avoir une récolte abondante, mais grâce à une expérimentation menée par Karla Cordero, ingénieure agronome de l’Institut national de recherche agricole (INIA), il serait possible de diviser par deux la consommation d’eau de cette culture. Il s’agit d’une nouvelle variété de céréale (non transgénique), un croisement entre semences chiliennes et russes plus résistantes au stress hydrique, et qui pourrait limiter l’inondation des rizières.
Déchets électroniques : Genève tente de contrer l’hécatombe environnementale
Image Pixabay.
Cette semaine avait lieu la 17ᵉ réunion de la Conférence des Parties à la Convention de Bâle à Genève, où des discussions entre experts se sont concentrées sur la problématique des déchets électroniques. La Convention de Bâle a été adoptée en 1989 avec l’objectif de “réguler les transferts transfrontaliers de déchets dangereux.” Un objectif loin d’être atteint, car d’après un rapport des Nations Unies, 62 millions de tonnes de déchets électroniques ont été générées en 2022, et si rien ne change, on pourrait arriver à 82 millions de tonnes en 2030. Le recyclage des déchets électroniques ne représente que 22 %, le reste est dispersé dans des pays africains ou asiatiques, au mépris du droit international. Edem D’Almeida, fondateur d’Africa Global Recycling, a expliqué la manoeuvre aux journalistes de RFI : « de nombreux pays occidentaux continuent d’exporter leurs déchets sous couvert de vente d’appareils d’occasion ». Nous verrons si cette nouvelle réunion arrivera à faire appliquer plus systématiquement la Convention de Bâle.
Livraison du dernier kilomètre : quelles solutions demain pour décarboner la logistique ?
Image by Truck Dispatch Services from Pixabay.
Du côté du secteur de la logistique, il y a aussi du mouvement pour se décarboner. Le défi est grand puisque la logistique représente environ 16 % des émissions de gaz à effet de serre en France, soit 63 millions de tonnes équivalent CO2, et le secteur est aussi responsable d’une part non négligeable de l’artificialisation des sols en France (environ 4 % entre 2010 et 2019). L’électrification des flottes de véhicules de livraison ne peut être le seul levier pour atteindre l’objectif de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) de baisser de 50 % les émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030. Une transformation plus profonde, du point de vue organisationnel, sera nécessaire. Des solutions initiées par l’ADEME ont déjà été testées comme : les centres mutualisés de distribution urbaine, les microhubs (microplateformes logistiques optimisées pour une livraison finale par des modes de transport doux), et la mutualisation des circuits courts alimentaires de proximité. Ces solutions pourraient représenter l’avenir du secteur.
ChangeNOW : la parole sans les actes (tribune)
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On termine avec une tribune acide rédigée sur bonpote.fr par Edouard Morena, Maître de Conférences en science politique à la University of London Institute à Paris et auteur de Fin du monde et petits fours . Dans ce texte qui ne prend pas de pincettes, il fustige les rassemblements “climatiques” comme ChangeNOW. Pour Edouard Morena, ces évènements très marketés participent à une illusion : croire que l’action suivra les discours vertueux. “Cela peut paraître contre-intuitif, mais à travers ChangeNOW et les autres grands-messes climatiques, ce qui compte, au fond, ce n’est pas tant l’action que le sentiment d’action. La parole est aussi – voire plus – importante que les actes. “, argumente Edouard Morena qui dénonce par ailleurs les rétropédalages de grandes entreprises sur leurs engagements RSE : “Plusieurs géants du fossile (BP, TotalEnergies, Equinor, ExxonMobil, Chevron) ont ainsi décidé de réduire leurs investissements dans les renouvelables et/ou d’accroître leurs objectifs de production d’énergies fossiles. Certaines grosses banques (HSBC, Goldman Sachs…) et gestionnaires d’actifs (BlackRock en tête) se sont retirées d’initiatives climatiques.” On vous laissera lire la tribune et construire votre propre avis sur l’intérêt de ces rassemblements consacrés à l’écologie.