Science Based Targets : le nouveau standard « Net-Zero » pour les entreprises enfin dévoilé
Réduction des émissions

Science Based Targets : le nouveau standard « Net-Zero » pour les entreprises enfin dévoilé

3 min. de lecture

La méthode Science Based Targets permet aux entreprises d’aligner leurs ambitions climatiques avec les connaissances scientifiques actuelles. Plusieurs étapes, de la fixation d’un objectif à la présentation, la validation et la promotion du projet par les experts de l’Initiative SBT, participent à l’établissement d’un plan de réduction conscient et cohérent vis-à-vis de l’Accord de Paris. Le nouveau standard «Net-Zero », dévoilé très récemment par l’iSBT, a pour but d’intensifier les efforts des structures privées afin que ces dernières atteignent à terme la neutralité carbone.

L’initiative Science Based Targets a été créée conjointement en 2015 par le Carbon Disclosure Project (CDP), le Global Compact des Nations Unies, le World Ressource Institute (WRI) et le World Wildlife Fund (WWF). Elle constitue aujourd’hui l’un des meilleurs outils pratiques destinés aux entreprises qui désirent s’engager pour le climat. En promouvant une politique climatique en accord avec la science, la méthode SBT accompagne tous les acteurs du secteur privé , des TPE aux multinationales, afin qu’ils atteignent des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre alignés sur l’Accord de Paris (+1,5°C). Près d’un millier d’organisations privées a déjà entrepris la démarche et 500 se sont fixées un objectif approuvé par l’iSBT.

Dotée d’une approche sectorielle, la méthode SBT permet de développer un ensemble de critères adaptés à chaque type d’organisation. Certaines spécificités de la méthode restent cependant les mêmes. Ainsi les efforts fournis par les entreprises doivent couvrir obligatoirement a minima les scopes 1 et 2, soit les postes d’émissions directes et les postes d’émissions indirectes liées à la production d’énergie utilisée par la structure. Si les rejets d’éqCO2 du scope 3 (autres émissions indirectes) dépassent 40% du total des émissions de l’entreprise, ces derniers doivent également être intégrés dans les objectifs. Une inclusion donc quasi systématique, sachant que les émissions liées au troisième périmètre de calcul représentent généralement 75% de l’empreinte carbone des structures1

Une autre particularité de l’approche SBT est de se concentrer sur les réductions directement basées sur la chaîne de création de valeur d’une entreprise. Ainsi même si la méthode peut par ailleurs encourager des démarches de compensation, ces dernières sont interprétées comme un engagement supplémentaire et financier pour le climat, mais ne peuvent pas faire partie de la stratégie de base. Seules les réductions directes, qui mèneront à des diminutions rapides et radicales de l’empreinte carbone de l’entreprise, sont ainsi plébiscitées. 

Quelles sont les étapes d’une démarche SBT ? 

Dans un premier temps, la structure privée qui décide de s’impliquer et de définir un Science Based Target doit signer une lettre d’engagement qui indique que son objectif final de réduction d’émissions se base bien sur des connaissances et éléments scientifiques. Deux versions du document existent : la « lettre d’engagement standard » destinée aux PME et TPE, et la « Business Ambition for 1,5°C » pour les grandes entreprises. 

Après l’engagement vient ensuite la fixation d’un objectif. Si celui-ci n’est pas déjà déterminé au moment où l’entreprise entreprend sa démarche SBT, deux années lui sont accordées pour développer un programme en accord avec le protocole et les critères de définition de la Science Based Targets Initiative. Parmi ces principes se trouvent notamment l’obligation d’établir une trajectoire et un plan sur un minimum de cinq années, mais également l’engagement à rendre public et ce de manière annuelle l’inventaire complet de ses émissions de gaz à effet de serre. 

Une fois cette étape franchie, l’entreprise soumet sa trajectoire auprès de l’iSBT. Elle remplit ainsi le « Target Setting Letter for SMEs » (pour les structures de moins de 500 salariés) ou le « Target Submission Form » (pour les structures de plus de 500 salariés). Un comité technique étudie ensuite la recevabilité et la conformité des objectifs fixés avec l’ensemble des critères du cadre méthodologique (trois à quatre mois sont nécessaires)2. Si cet examen se révèle concluant, l’Initiative Science Based Targets informe l’entreprise de sa décision et communique cet objectif sur son site mais également auprès de ses membres et partenaires. Cette étape de validation est soumise à des frais dont le montant dépend de la taille de l’entreprise. 

Enfin, après la validation officielle de l’objectif par l’iSBT, la structure est invitée à communiquer ses ambitions de réduction d’émissions à l’ensemble de ses parties prenantes.

Le nouveau « Net-Zero Standard »

L’iSBT a dévoilé jeudi 28 novembre son nouveau standard « Net-Zero » destiné aux entreprises. Ce standard constitue à l’heure actuelle le seul cadre de référence mondial qui permette l’alignement des ambitions de neutralité carbone des structures privées avec les connaissances climatiques actuelles. À travers des objectifs fixés sur un temps long, le Net-Zero Standard permet d’engager un plan de décarbonation, à même de participer à la limitation de la hausse de température de 1,5°C souhaitée par l’Accord de Paris. Ce nouveau modèle exprime ainsi la nécessité de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre des structures privées d’ici 2030 et de les réduire de 90 à 95% sur l’ensemble de la chaîne de valeur d’ici 2050. La tenue de ces objectifs obligera en pratique les entreprises à établir un plafond pour que seulement 5% à 10% de leurs réductions d’émissions soient dues à une démarche compensatoire, via le financement de projets de séquestration de carbone.

Depuis sa récente annonce, sept entreprises se sont engagées dans cette démarche Net-Zero. Ørsted est ainsi devenue la première et la seule structure privée spécialisée dans l’énergie à avoir vu son objectif être validé par l’iSBT. La société danoise prévoit de réduire de 99,8% ses émissions relatives aux scopes 1 et 2 (avec 2006 comme année de référence) d’ici 2025, soit seulement 1g éqCO2/kWh rejeté dans l’atmosphère3. Elle s’engage également à diminuer de 90% l’ensemble des émissions dues à l’utilisation de ses produits (scope 3) d’ici à 2040 (avec 2018 comme année de référence). Le standard Net-Zero, parce qu’il représente une initiative scientifique, et se base sur un cadre respecté permettant d’obtenir des résultats fiables qui contribuent sincèrement à la neutralité carbone, devrait inciter de plus en plus de structures privées engagées à l’adopter.

Sources :

Vous aimerez aussi

COP28 : Toujours pas de réglementations pour les crédits carbone

COP28 : Toujours pas de réglementations pour les crédits carbone

Une semaine après la fin de la 28ème Conférence des Parties sur le climat à Dubaï aux Emirats-Arabe-Unis, Capitaine Carbone revient sur l’un des plus gros échec de cette COP pourtant passé inaperçu : la régulation des crédits carbone. Censé être une pièce maîtresse des efforts mondiaux dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’article [...]
Technologies CCUS : une part essentielle mais incertaine des stratégies de neutralité carbone

Technologies CCUS : une part essentielle mais incertaine des stratégies de neutralité carbone

La filière CCUS (Carbon Capture Utilization and Storage) réunit un panel de solutions hétérogènes aux niveaux de maturité fluctuants. Présentes en tant que vecteurs clés dans de nombreux plans de décarbonation industrielle nationaux et internationaux, ces technologies font encore face à plusieurs défis d’ordres réglementaire et financier.
Fondation e5t : dixième édition de l’Université d’Été La Rochelle 

Fondation e5t : dixième édition de l’Université d’Été La Rochelle 

La dixième Université d’Été de la Fondation e5t aura lieu du 30 août au 1er septembre 2022 à la Rochelle. L’événement réunira les acteurs de la transition écologique lors de temps d’échange autour du thème « la neutralité carbone face à la crise mondiale ».