Salon MIX.E : vers une diversification nécessaire des énergies
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Salon MIX.E : vers une diversification nécessaire des énergies

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Le salon MIX.E s’est constitué, à travers un ensemble de conférences et l’intervention de nombreuses entreprises engagées, des start-ups aux grands groupes internationaux, comme la vitrine de solutions innovantes et plurielles à la question de la décarbonation du secteur énergétique européen. Parmi ces solutions, les technologies CCUS de valorisation, de stockage et de réutilisation du carbone ont pris une part importante dans les échanges, notamment à travers une conférence dédiée à l’avenir du secteur.

Conscients de l’effort commun pour arriver à l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, les acteurs du salon MIX.E ont transmis un message limpide : la réponse à la décarbonation du secteur énergétique se trouve dans la diversité. Diversité des méthodes : sobriété, efficacité, compensation. Mais également diversité des sources d’énergie pauvres en CO2 : hydrogène, nucléaire, éolien, biomasse. Il ne peut y avoir de réponse viable à la question d’un mix énergétique plus vert et respectueux des engagements de l’Europe envers le climat sans une synergie et une collaboration étroite entre les secteurs professionnels. Lors de la conférence d’ouverture consacrée à la sortie des énergies fossiles, Baptiste Perrison Fabert, représentant de l’ADEME, a rappelé l’insuffisance des actions amorcées jusqu’a présent. « Nous sommes en retard. Nous avons raté notre objectif de 2020 à cause de notre incapacité à déployer rapidement des solutions en énergies renouvelables ». Même dans le cas d’un scénario faisant intervenir massivement le « nouveau nucléaire », le rôle joué par les énergies vertes dans le respect des mesures du paquet européen « Fit for 55 » reste capital. « Il faut investir 10, 20 fois plus dans les énergies renouvelables » a ainsi martelé Amir Shafiri, représentant de Hy24, une plateforme d’investissement en hydrogène vert. 

Plénière d’ouverture du salon MIX.E consacrée à la sortie des énergies fossiles.

De gauche à droite : Xavier PIECHACZYK, Président du directoire chez RTE, Noé VAN HULST, Conseiller en hydrogène à l’IAE,  Fabiola FLEX, PDG de Fortissimo Conseil et présentatrice de la conférence, Amir SHARIFI, Directeur des placements à Hy24, Thierry LEPERCQ, Président d’HyDeal et Baptiste PERRISSIN FABERT, Directeur exécutif de l’expertise et des programmes à l’ADEME

Énergies renouvelables : des problématiques multiples 

Pour les professionnels présents sur le salon, il ne fait aucun doute que le manque de ressources financières injectées dans les sources d’énergie bas-carbone représente à l’heure actuelle le premier frein à la transition. Cette situation s’explique par le fait que les acteurs économiques sont généralement réticents à l’idée d’investir dans des projets qui ne sont pas rentables à court terme et dont les risques économiques sont accrus. Développer des solutions innovantes reste ainsi un chemin semé d’embûches, également pour les porteurs de solutions. En plus de faire face à un marché parfois réfractaire, les nouveaux projets doivent passer par une phase d’industrialisation très vorace en termes de capital. « La difficulté pour le développement de technologies innovantes, c’est de se faire croiser la courbe de maturité du projet et la courbe de maturité du marché » rappelle Frédéric Rohmer, directeur d’Ecosun Innovations qui propose une offre de génératrices solaires nomades et autonomes. Ces technologies alimentent une installation fixe ou mobile en électricité décarbonée grâce à des panneaux solaires, créant ainsi un cycle d’autoconsommation de l’énergie ainsi produite.

Au delà de l’inertie et de la frilosité économique du secteur de l’énergie, une deuxième problématique émerge des conférences de MIX.E : l’acceptation sociétale des nouvelles manières de consommer et de produire l’énergie de demain. Comme l’a rappelé l’ADEME à travers ses quatre scénarios Transition(s) 2050, une action climatique efficace et pérenne passera obligatoirement par une refonte plus ou moins profonde de nos paradigmes sociétaux, et donc par un changement pressant de nos habitudes de consommation. Consommation de biens, mais également de services parmi lesquels l’énergie. Développer les panneaux solaires, l’hydrogène vert, ou d’autres innovations encore balbutiantes comme l’énergie osmotique* suppose de créer une attractivité, de susciter une envie chez les consommateurs pour ces nouvelles technologies. Promouvoir les solutions renouvelables consiste également dans un même mouvement à faire tomber en désuétude les énergies fossiles, à les rendre moins désirables. Autant de défis qui ne feront pas l’économie d’un certain nombre de mesures fermes des institutions publiques, mais également de l’engagement de sociétés engagées prêtes à participer à cette transition.

4000 professionnels et 200 exposants étaient présents sur le salon pour mettre en avant leurs solutions

Zoom sur les technologies CCUS

La neutralité carbone constitue un enjeu qui implique l’ensemble des acteurs professionnels et publics vers un même but commun : la décarbonation de la société. Le secteur de l’énergie, responsable de 73,2% des émissions de gaz à effet de serre mondiales d’après le site Our World in Data1, se trouve évidemment au centre des préoccupations en matière de réduction des rejets de CO2, et donc de développement de solutions bas-carbone. Les centres de recherche et d’innovations, les start-ups imaginent de nouveaux moyens de stocker, d’utiliser, de réutiliser des énergies déjà existantes. Une philosophie qui s’applique aujourd’hui également au carbone avec les technologies CCUS (pour Carbon Capture, Utilization and Storage soit Captage, Valorisation et Stockage du carbone en français). Cette filière émergente entend en effet diversifier le rôle du carbone afin de lui attribuer une connotation méliorative. À travers plusieurs procédés, elle use de la réduction et de la compensation des émissions, deux piliers essentiels de toute démarche de contribution à la neutralité carbone. Présents au salon MIX.E pour participer à une conférence sur le potentiel du secteur CCUS, plusieurs acteurs professionnels ont pu présenter leur projet et faire part des défis auxquels ils sont confrontés à l’heure actuelle. 

Le salon MIX.E s’est tenu pendant deux jours à la Cité internationale de Lyon

« Le CCUS représente 50 millions de tonnes de dioxyde de carbone captées par an. L’objectif pour 2050 sera d’arriver à 7,6 gigatonnes » (ndr : 7,6 milliards de tonnes). C’est ce qu’a affirmé lors de cette session Florence Delprat-Jannaud, coordinatrice de programmes de captation de CO2 pour IFP Énergies nouvelles. La physicienne formée à l’École normale supérieure de Cachan a expliqué que pour atteindre cet objectif, la filière du CCUS devra pouvoir compter sur des mécanismes de financement. Ainsi, à l’instar du secteur des énergies renouvelables, les verrous du CCUS sont là aussi d’ordre financier : « Développer un procédé de captage de CO2 c’est 15 ans de recherches. » a-t-elle ajouté. 

Soucieux de compenser son activité fortement émettrice, le cimentier français Vicat a quant à lui commencé à mettre en place des solutions CCUS sur l’entièreté de sa chaîne de valeur. David Fichet, Responsable Projets Innovants de la marque a expliqué qu’à l’aide du processus de reminéralisation du ciment, l’entreprise était capable d’emprisonner et de faire réabsorber par le matériau 20% du carbone qu’il a émis. Vicat compte maintenant améliorer ce procédé pour faire absorber de plus grandes quantités de CO2 à son ciment. Début 2021, l’entreprise familiale s’est également dotée du dispositif CO2ntainer qui permet de créer des granulats (qui composent le béton) à partir de poussières chlorées recarbonatées par le dioxyde de carbone capté en sortie d’usine. Cette technologie appelée Accelerated Carbonation Technology présente ainsi un intérêt double pour le cimentier. Elle lui permet premièrement de réduire son empreinte carbone à la source et dans un deuxième temps de réutiliser les déchets de sa propre production. 

Enosis Énergies, fournisseur de solutions biologiques de production de gaz bas carbone, a lui choisi de miser sur les technologies CCUS pour développer son activité. La start-up toulonnaise utilise la méthanation biologique (technologie dont l’entreprise est copropriétaire) afin de convertir en méthane des gaz naturellement riches en CO2 comme le biogaz brut. Stéphane Palmade, Directeur des Nouvelles Technologies de la société française, précise que la qualité du gaz ainsi synthétisé lui permet d’être injecté directement dans le réseau. Le dispositif entier capte ainsi 3 tonnes de gaz carbonique pour la production d’un tonne de méthane de synthèse, permettant de compenser les émissions liées à la combustion de ce méthane. 

La filière du CCUS représentée au salon MIX.E compte aujourd’hui sur l’accélération du cadre réglementaire, encore trop contraignant, pour se développer et faire breveter de nouveaux procédés à même de participer à la décarbonation du secteur de l’énergie. Une course contre la montre au regard de l’objectif de neutralité carbone en 2050, qui témoigne cependant de l’investissement et de la volonté des entreprises à faire muter leurs activités. 

Source : 

*une source d’énergie marine renouvelable et neutre en carbone qui produit de l’électricité en exploitant la pression créée par la différence de salinité entre l’eau douce et l’eau salée. 

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