Rapport du GIEC : un troisième volet pour passer à l’action
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Rapport du GIEC : un troisième volet pour passer à l’action

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Le 4 avril 2022, le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a délivré la troisième partie de son rapport sur le changement climatique. Le premier volet - sorti en août 2021- tirait la sonnette d'alarme sur l'accélération du dérèglement du climat, et le deuxième volet -publié en février 2022- analysait ses impacts et notre capacité d'adaptation. Ce troisième opus clôturant cette grande évaluation scientifique s'intéresse cette fois à "l'atténuation" de la crise climatique. Le GIEC donne ainsi toutes les pistes à suivre pour réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.

Nous avons tous les outils à notre disposition pour atténuer le dérèglement climatique, il suffit maintenant de les utiliser. C’est en substance ce que nous dit l’ultime volet du sixième rapport du GIEC qui égrène toutes les solutions à mettre en place pour diminuer efficacement nos émissions de GES (gaz à effet de serre). L’objectif est clair, nous devons diviser par deux ces émissions d’ici 2030, et atteindre la neutralité carbone en 2050 pour espérer contenir l’augmentation de la température moyenne sur la planète sous la barre des 1,5°. Même si de nombreux gouvernements ont mis en place des plans pour se diriger vers le zéro émission nette, et que l’engagement du secteur privé s’intensifie, malheureusement en 2021, nos émissions de gaz à effet de serre mondiales n’ont jamais été aussi élevées. La baisse de 5 % en 2020 causée par la Covid-19 n’a été qu’un feu de paille, le rebond économique l’année suivante a très vite fait remonter cette courbe, avec 36,3 gigatonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère.1 Les recommandations du GIEC entendent mettre un terme à ce constat d’échec, avec des pistes concrètes reliées à plusieurs secteurs clés (les plus polluants) : Energie, Industrie, Transport, Agriculture, Bâtiment.

Ajoutons que ce rapport n’est pas déconnecté des réalités, le point de vue n’est pas simplement scientifique, il y a aussi une vraie prise en compte des coûts et des impacts sociaux (qualité de vie, santé…) engendrés par cette restructuration de notre société proposée par le GIEC. Mettant à mal l’idée reçue que la transition vers la neutralité carbone serait trop onéreuse, les experts indiquent au contraire que les investissements pour réduire nos émissions nous seront profitables en évitant les coûts liés aux dégâts du changement climatique. En résumé, le prix à payer de l’inaction sera bien plus énorme que l’investissement pour la transition écologique.

L’énergie, quelles options choisir ?

Question fondamentale, quel choix faire pour produire notre énergie à l’avenir ? Un questionnement d’autant plus urgent avec l’invasion de la Russie en Ukraine, qui pousse de nombreux pays à trouver des solutions pour se passer du gaz russe. Pour le GIEC, le secteur de l’énergie qui représente environ 34 % de nos émissions de GES mondiales, doit absolument se décarboner avec une diminution en 2050 par rapport à 2019 :

  • de 95 % de la consommation de charbon
  • de 60 % de la consommation de pétrole
  • de 45 % de la consommation de gaz

Pour remplacer les énergies fossiles, le GIEC préconise un mix entre éolien, solaire, hydraulique et dans une moindre mesure, le nucléaire. Toutes ces technologies sont arrivées à maturité pour les experts qui notent un fort progrès depuis le précédent rapport en 2013, “en termes de coût, de performance et de déploiement”.

Une Industrie plus sobre

Le GIEC enjoint les gouvernements à mettre en place des politiques industrielles ambitieuses pour aider ce secteur à baisser ses émissions (24%) sur l’ensemble des chaînes de valeur (énergie, transport…). Les experts du GIEC plaident dans ce rapport pour une nouvelle industrie mettant en avant une gestion plus efficace des intrants et extrants, favorisant le recyclage, la réutilisation et ainsi la diminution des déchets.

Agriculture et forêt, un fort potentiel d’évitement et de captation des émissions carbones

L’agriculture et la sylviculture sont deux secteurs fortement émetteurs de gaz à effet de serre (22% environ en cumulant les deux), mais ce sont aussi de formidables leviers pour développer des projets de puits de carbone. Comme pour les autres secteurs polluants, l’objectif de l’agriculture et de la gestion forestière est d’abord de réduire leurs propres émissions. Le GIEC insiste néanmoins sur leur potentiel en terme de compensation carbone, notamment sur la préservation et la restauration des forêts, des prairies, des bocages, etc. qui ramèneraient aussi de la biodiversité dans les zones cultivées, etc. Les agriculteurs sont aussi invités à gérer de manière plus durable leurs cultures avec des mesures comme :

  • la réduction des engrais de synthèse
  • la diversification des cultures
  • planter plus d’arbres sur les parcelles cultivées

À l’autre bout de la chaîne, les consommateurs sont aussi incités à s’orienter vers un régime “flexitarien”, en mangeant plus de végétaux et moins de viande, mais de meilleur qualité, pour éviter les élevages intensifs (forts émetteurs en méthane). Ce régime moins carné n’est qu’un exemple parmi l’ensemble des solutions proposées qui seraient rapidement applicables et dont l’impact serait quasi immédiat sur la diminution des émissions de GES. Les consommateurs sont donc partie prenante dans la baisse des émissions du secteur agricole.

Les Transports : le vélo plutôt que l’auto

Le secteur des transports étant responsable d’environ 15 % des émissions de GES mondiales, le GIEC n’a pas manqué d’inventorier un chapelet de solutions qui pourraient nous permettre d’aller vers davantage de sobriété. Les experts proposent de généraliser encore le télétravail pour diminuer les trajets en voiture, et de déployer de véritables politiques pour rendre plus accessible les options de mobilité douce comme le vélo et la marche (augmentation du nombre de pistes cyclables, de trottoirs,…), ou les transports en commun. Le GIEC préconise aussi de privilégier les véhicules électriques jugés moins polluants globalement que les thermiques, et d’adopter les biocarburants.

Bâtiments : investir dans des infrastructures durables

Les constructions humaines sont la cause de 6 % des émissions de gaz à effet de serre, il est donc urgent selon le GIEC de diriger nos investissements vers des infrastructures moins consommatrices en énergies, avec des matériaux plus isolants notamment. Les zones urbaines offrent également des opportunités intéressantes pour capter et stocker du carbone, en densifiant les espaces verts par exemple.

L’innovation technologique et la compensation carbone en soutien

La réduction de nos émissions de GES ne pourra pas être totale, les experts du GIEC en sont conscients. De ce fait, le troisième volet du rapport soutient le recours au développement de projets de compensation carbone qui doivent venir compléter (et non remplacer) les actions de réduction afin d’attendre l’objectif de neutralité carbone. Le GIEC donne également des pistes précises pour diriger les dépenses de recherches sur les innovations technologiques qui pourront nous aider à lutter efficacement contre le réchauffement du climat.

Evidemment cet article n’est qu’un résumé très sommaire de ce troisième volet qui contient des éléments très précis d’une grande richesse pour nos dirigeants à l’échelle des gouvernements, des collectivités mais aussi pour les entreprises du privé et chaque citoyen souhaitant participer à ce défi de la transition écologique. Mais attention le temps presse, le GIEC prévient qu’il ne nous reste plus que 3 ans pour agir et baisser radicalement nos émissions, passé ce délai, la température moyenne sur la surface du globe augmentera inéluctablement de plus de 1,5° par rapport à l’ère préindustrielle.

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